Introduction : Une crise énergétique sans précédent
Depuis plusieurs mois, Cuba traverse une crise énergétique majeure, mais les 30 derniers jours ont été particulièrement marqués par des pannes électriques fréquentes et massives. Ces coupures, qui touchent parfois plus de 50 % du pays simultanément, exacerbent les difficultés quotidiennes des 10 millions d'habitants de l'île. Dans cet article, nous allons explorer les statistiques récentes, analyser les causes profondes de ces pannes et décrypter les enjeux électriques qui fragilisent Cuba en février 2025.
Les pannes électriques des 30 derniers jours : un constat alarmant
Au cours des 30 derniers jours, Cuba a enregistré des records historiques en matière de déficit énergétique.
57 % du pays sans électricité en simultané : Selon plusieurs posts datant du 12 et 13 février 2025, le déficit de génération électrique a atteint un pic, avec 57 % du territoire cubain plongé dans le noir lors des heures de pointe (soirée). Cela représente une situation inédite ces dernières années.
Déficit de génération critique : Le déficit de production d'électricité s'est élevé à environ 1 900 MW lors des pics de demande, alors que la capacité totale disponible était de 1 490 MW pour une demande estimée à 3 290 MW (posts 12 février 2025).
Centrales thermiques à l'arrêt : La centrale Antonio Guiteras, la plus importante du pays, a été hors service à plusieurs reprises en février en raison de pannes techniques. Cette situation s'ajoute à l'arrêt d'autres grandes centrales thermiques, aggravant le déficit (post 2 février 2025).
Fréquence des coupures : Dans certaines régions, l'accès à l'électricité est limité à seulement 4 heures par jour, rendant la vie quotidienne extrêmement difficile pour les habitants.
Ces chiffres, bien qu'incomplets, reflètent une crise énergétique aiguë, amplifiée par des facteurs structurels et conjoncturels.
Les enjeux électriques à Cuba : pourquoi autant de pannes ?
La crise énergétique actuelle s'explique par plusieurs facteurs, qui se combinent pour créer une situation critique :
Vétusté des infrastructures :
Cuba dépend principalement de huit centrales thermiques vieillissantes, souvent en panne ou en maintenance. La centrale Antonio Guiteras, bien qu'essentielle, est régulièrement hors service en raison de problèmes techniques.
Les centrales flottantes louées à des entreprises étrangères (turques ou russes) et les groupes électrogènes ne suffisent pas à combler le déficit, surtout en période de forte demande.
Pénurie de carburant :
La réduction des importations de pétrole en provenance du Venezuela, principal allié de Cuba, a aggravé la situation. Ces importations ont diminué au cours des deux dernières années, laissant l'île en situation de vulnérabilité.
Les sanctions américaines, en place depuis 1962 et renforcées sous certaines administrations, compliquent l'achat de carburant et de pièces de rechange pour les centrales.
Crise économique globale :
Cuba traverse sa pire crise économique depuis 30 ans, avec des pénuries de nourriture, de médicaments et une inflation galopante. Cette situation limite les investissements dans le secteur énergétique.
Le déficit fiscal (22 % du PIB) et la faible productivité économique empêchent le gouvernement de moderniser ses infrastructures.
Facteurs climatiques et imprévus :
Bien que les 30 derniers jours n'aient pas été marqués par des ouragans majeurs, les catastrophes naturelles des mois précédents (comme les ouragans Oscar et Rafael en octobre-novembre 2024) ont endommagé le réseau électrique, rendant sa restauration plus complexe.
Les vagues de chaleur augmentent la demande en électricité, notamment pour la climatisation, accentuant la pression sur un système déjà fragilisé.
Les conséquences pour les Cubains
Les pannes électriques ont des répercussions majeures sur la vie quotidienne :
Éducation et santé : Les écoles et les hôpitaux fonctionnent de manière limitée, avec des impacts sur les soins médicaux et l'accès à l'éducation.
Économie locale : Les petites entreprises, notamment dans le tourisme et la restauration, subissent des pertes importantes en raison des coupures fréquentes.
Frustration sociale : Les coupures alimentent un mécontentement croissant, avec des manifestations sporadiques dans certaines villes, bien que celles-ci soient souvent réprimées par les autorités.
Vers une sortie de crise ?
Face à cette situation, le gouvernement cubain a annoncé plusieurs mesures d'urgence, mais leur efficacité reste incertaine :
Réduction de la consommation : Mise en place de coupures programmées et appels à la population pour économiser l'énergie.
Investissements dans les énergies renouvelables : Cuba ambitionne de produire 37 % de son électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030, mais les projets avancent lentement en raison des contraintes financières.
Coopération internationale : Le pays cherche à renforcer ses partenariats avec des nations comme la Russie et la Chine pour sécuriser des approvisionnements en carburant et des investissements dans le secteur énergétique.
Conclusion : Une crise qui appelle des solutions durables
Les 30 derniers jours ont mis en lumière la fragilité du système électrique cubain, exacerbée par des années de sous-investissement et des défis économiques. Si des mesures d'urgence sont nécessaires pour limiter les impacts immédiats, des solutions à long terme – comme la modernisation des infrastructures et la transition vers les énergies renouvelables – sont indispensables pour garantir un avenir énergétique stable. En attendant, les Cubains continuent de faire face à des défis quotidiens, dans un contexte où l'électricité, bien essentiel, devient de plus en plus rare.