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Photo du rédacteurPassion Varadero

L'Histoire du Carnet d'Approvisionnement à Cuba : De la Création à Aujourd'hui

La Libreta de Abastecimiento


Le 12 mars 1962, Fidel Castro, leader de la révolution cubaine, annonça par décret la création du carnet d'approvisionnement, un système de distribution de certaines ressources alimentaires et de contrôle des prix sur l'île, s'inscrivant dans la nouvelle politique d’étatisation de l’économie planifiée.


Le carnet d'approvisionnement est le document par lequel les familles cubaines reçoivent un groupe de produits alimentaires périodiquement et subventionnés par l'État cubain. Il a été officiellement instauré le 12 juillet 1963 avec la création des bureaux de contrôle et de distribution des aliments (OFICODA). Un an auparavant, le gouvernement révolutionnaire avait promulgué la loi n° 1015, réglementant la consommation d'aliments et d'autres produits couramment utilisés.


À l'origine, le carnet de rationnement couvrait uniquement les produits alimentaires et de première nécessité, mais il inclut ensuite également les vêtements et les chaussures. Ce système était une réponse aux mesures prises par l'administration américaine contre le gouvernement cubain, qui avaient limité l'approvisionnement en denrées alimentaires et autres articles essentiels.


Cependant, l'effondrement des pays socialistes européens et la désintégration de l'URSS ont entraîné une grave crise économique à Cuba, poussant le gouvernement à réduire progressivement la liste des produits disponibles par le biais du carnet d'approvisionnement, notamment les denrées alimentaires, tandis que les produits industriels ont disparu.


Dans les lignes directrices pour la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution, approuvées lors du VIe Congrès du Parti communiste de Cuba, la nécessité de supprimer le carnet d'approvisionnement a été évoquée, en raison de son caractère non durable sur le plan économique. Ce sujet a suscité de vifs débats, car ce système est considéré comme indispensable pour la subsistance des familles les plus vulnérables à Cuba.


Qu'est-ce que les Cubains achètent aujourd'hui avec le carnet d'approvisionnement ?

Arrivé dans les foyers cubains en 1963, le système de carnet d'approvisionnement a été bien accueilli à l'époque, car il permettait de garantir la nourriture nécessaire à chaque Cubain, sans distinction de race, d'âge ou de sexe.


Autrefois, avec le carnet, les Cubains pouvaient acheter une vingtaine de produits une fois par mois à des prix relativement abordables. Les souvenirs des Cubains des années 80 incluent l'achat de riz, de haricots, d'huile, de beurre, de lait, de sel, de sucre, de café et même de boissons gazeuses, de bières et de bonbons dans les bodegas, ainsi que de cigarettes et de cigares.


Aujourd'hui, la réalité est bien différente. Avec l'inflation galopante et les pénuries persistantes, le carnet d'approvisionnement est devenu très limité. Actuellement, un Cubain peut acheter, une fois par mois : cinq œufs, un quart de livre de poulet, une demi-livre d'huile, cinq livres de riz, 10 onces de haricots noirs, une boîte d'allumettes, du sucre et un pain quotidien.


Tous les trois mois, il est possible de se procurer 400 grammes de pâtes et un kilogramme de sel. Pour les enfants de moins de trois ans, dix compotes de fruits sont garanties, tandis que ceux jusqu'à sept ans reçoivent un kilogramme de lait en poudre par mois.


Cependant, ces quantités sont généralement considérées comme insuffisantes pour les besoins d'une famille. Les situations exceptionnelles, comme après le passage des tempêtes tropicales ou en période de crise sanitaire, peuvent entraîner une distribution accrue, mais cela reste rare.


Malgré l'importance symbolique du carnet, l'annonce de sa suppression suscite la peur chez de nombreux Cubains, notamment les personnes âgées qui comptent sur ce système pour obtenir au moins un peu de nourriture chaque mois.


En 2011, Raúl Castro avait évoqué la possibilité d'une élimination progressive du carnet d'approvisionnement, le considérant comme un fardeau pour l'État, mais cette annonce avait provoqué une forte inquiétude parmi la population, qui redoute de se retrouver sans ce soutien essentiel.


À l'heure actuelle, le gouvernement cubain fait face à des défis considérables, avec des salaires très bas et un accès limité aux produits dans les magasins, qu'ils soient en pesos cubains ou en monnaie librement convertible (MLC). Cela force les Cubains à se tourner vers le marché noir et les différents marchés agricoles (agro-mercados) pour compléter leur approvisionnement.


Les Cubains continuent de faire preuve d'une grande débrouillardise, cherchant des solutions pour faire face à cette crise alimentaire. Cependant, la question demeure : comment un système d'approvisionnement rationné peut-il être aboli sans mettre en place des alternatives viables et un soutien économique pour la population ?

Si le carnet d'approvisionnement venait à disparaître un jour, son souvenir resterait gravé dans l'histoire comme un symbole de la résilience du peuple cubain face aux défis économiques.

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